L’icône sur verre de Transylvanie
« La beauté incommensurable et la valeur artistique du folklore ainsi que des productions littéraires et lyriques du peuple roumain ont le don d’exprimer, parfois par de séduisantes simplifications, l’essentiel de la logique de la pensée populaire.
Loin d’être un simple objet de culte, les icônes sur verre de Roumanie représentent un document artistique de haute importance de la peinture sur verre du centre de l’Europe dont elles font partie intégrante tant par la position géographique de la Transylvanie, que par le moment de leur apparition et la filiation de leur technique. »
La peinture paysanne sur verre de Roumanie, Juliana Dancu et Dumitru Dancu, Edition Méridiane, Bucarest, 1975.
Inspiré par l’iconographie sur verre de Transylvanie (Roumanie) des 17e et 18e siècles, notre atelier vous propose une initiation à la réalisation d’une icône sur verre en suivant les étapes de la technique ancienne de la peinture sur verre, ainsi que la découverte de l’histoire de ce phénomène artistique qui s’est développé dans certaines régions de Roumanie pendant deux siècles.
Une icône sur bois miraculeuse de la Mère de Dieu exsudant des larmes provoqua, vers 1694, de nombreux pèlerinages dans le village de Nicula où se trouvait cette icône. A cette époque, la Transylvanie faisait partie de l’Empire d’Autriche. Les pèlerins originaires de toute l’Europe souhaitaient emporter avec eux un souvenir du lieu du miracle. Les habitants du village commencèrent alors à peindre des icônes sur verre, inspirées par les icônes vendues chez eux par des colporteurs venus d’Europe centrale (Bohême, Autriche, Silésie, Galicie). Bientôt, la peinture sur verre devint un phénomène de masse. Tous les habitants du village peignaient et tous les membres d’une famille se partageaient les différentes opérations : approvisionnement en verre, préparation des couleurs, reproduction des contours, remplissage, confection des cadres et des panneaux postérieurs.
L’inspiration de ces peintres paysans, dont la peinture n’était pas l’occupation de base, venait des icônes byzantines de leur Eglise orthodoxe bien-aimée qu’ils défendaient contre les pressions autrichiennes pour les convertir au catholicisme. Les thèmes de prédilection étaient : la Vierge à l’Enfant, les Saints Protecteurs, la Sainte Cène, le Baptême du Christ, la Résurrection du Christ, la Sainte Trinité. Le support des icônes était le verre plan sur lequel on appliquait plusieurs couches successives de couleurs dans les contours d’un dessin copié à l’envers. La surface sur laquelle les couleurs étaient appliquées devenait ainsi le « dos » de l’icône et la peinture apparaissait par transparence sur le côté face. Les couleurs utilisées à l’époque étaient préparées sur la base d’oxydes métalliques et de matières fournies par la nature. Une fois l’icône peinte, une couche de vernis s’appliquait sur sa face postérieure. Ensuite, elle était encadrée et protégée à l’arrière par un panneau en bois de sapin.
La concurrence entre les familles d’iconographes du village incita des peintres à partir et à ouvrir des ateliers dans d’autres régions de Transylvanie. Sont ainsi apparues plusieurs « écoles ». Ce phénomène artistique dura plus de deux siècles, de la fin du 17e siècle au 19e siècle, et se répandit dans plusieurs régions de Transylvanie. L’art de l’icône sur verre connut sa décadence au début du 20e siècle, concurrencé par les premières lithographies.
Durant les mois de mai et juin, une exposition d’icônes sur verre aura lieu à la paroisse.
L’organisation de l’atelier
C’est cette ancienne tradition que l’atelier d’iconographie sur verre proposé par la paroisse fait revivre. L’atelier est ouvert aux adultes et aux enfants à partir de 8 ans. Une petite participation financière sera demandée pour l’achat du matériel. L’atelier sera animé par Ligia Iris Margineanu, artiste amateur, de profession chirurgien dentiste ; elle vous accompagnera avec passion dans cet univers fascinant.
L’atelier est organisé en quatre séances successives, les samedi-dimanche 13-14 mai et 20-21 mai, de 15h à 17h. Les séances correspondent aux différentes étapes de la réalisation d’une icône ; il faut donc être présent à toutes les séances :
Samedi 13 mai 2017 :
Présentation de l’histoire de la peinture sur verre et de la technique.
Préparation des couleurs et la mise en place des contours
Dimanche 14 mai 2017 :
Mise en place des détails de couleur (ombrages des visages et des vêtements, lumières)
Samedi 20 mai 2017 :
Finition de la mise en place des couleurs.
Dimanche 21 mai 2017 :
Fixation de la peinture (encre de typographie)
Teinture au brou de noix des cadres.
Nous vous proposerons l’icône « Le Christ en croix » pour sa beauté, sa symbolique mais aussi pour l’abord techniquement facile du dessin.
Les icônes réalisées par les participants seront bénies à la fin de la Divine Liturgie, le dimanche 2 juillet, le jour de la fête de la paroisse, avant d’être remises aux iconographes.
À propos de l’auteur