Quelle attitude a un fidèle orthodoxe quand il entre dans une église ?
Quand un fidèle orthodoxe entre dans une église orthodoxe, le premier geste qu’il accomplit est de se diriger vers les icônes devant l’iconostase, d’abord à droite vers l’icône du Christ, puis à gauche, vers l’icône de la Mère de Dieu, enfin vers l’icône du saint protecteur de la communauté. Il s’incline et se signe devant chaque icône, et il l’embrasse. Il peut aussi déposer une fleur. De même qu’en entrant dans la maison d’un ami, on le salue avant de dialoguer avec lui, le fidèle marque par la vénération de l’icône son entrée dans l’église et sa disposition intérieure à la prière.
Pourquoi les fidèles orthodoxes vénèrent-ils les icônes ?
C’est une manière d’entrer dans l’espace liturgique, d’opérer une rupture avec l’extérieur, de se recueillir, de se préparer à la prière, et d’être à l’écoute de la Parole de Dieu. Chaque icône représente une scène ou un personnage bibliques, renvoie au mystère du Christ et invite à en faire mémoire. Prenons une comparaison : il est fréquent d’avoir chez soi, sur un mur ou sur son bureau, quelques photos de nos proches, de ceux qu’on aime et qu’on a aimés et qui restent dans notre mémoire et notre cœur. Nous savons bien qu’il ne s’agit que de photos, pas de personnes, mais les photos viennent nous rappeler la présence toujours vivante de ces personnes en nous. Pourtant, l’icône est plus qu’une simple image. La vénération des icônes s’inscrit dans une longue tradition dont hérite chaque fidèle orthodoxe. Dans le contexte d’un débat violent – la querelle des images – sur la légitimité de la vénération des icônes pendant plus d’un siècle (726-843), le septième concile œcuménique condamne l’iconoclasme. Car l’incarnation du Christ légitime la représentation, une représentation qui obéit pourtant à des codes rigoureux selon des principes théologiques.
En quoi consiste alors le travail de l’iconographe ?
L’iconographe doit suivre des codes stricts de couleurs et de formes, non pas pour réaliser un portrait, mais pour ouvrir une fenêtre sur l’invisible à travers l’expression du visage, le regard du personnage. Ou, dit autrement : « une icône est ce miroir tout ruisselant de l’attribut majeur de gloire : la lumière » (P. Evdokimov, L’art de l’icône, théologie de la beauté, Desclée De Brouwer, 1972). Techniquement parlant, il n’y a jamais de source de lumière sur les icônes, car la lumière est leur sujet. Le fond d’or de l’icône s’appelle lumière, et la méthode picturale, la clarification progressive. L’iconographe superpose plusieurs fois des tons de plus en plus illuminés jusqu’à la réalisation de l’image finale.
En quoi la vénération des icônes change la vie des fidèles orthodoxes ?
D’abord, les icônes sont un enseignement, comme une Bible en images ; cette fonction est aussi assurée par les fresques sur les murs et la voûte de l’église. Le fidèle peut lire l’histoire du Salut dans la disposition des icônes sur l’iconostase et dans celle des fresques sur les murs. Bien plus, la contemplation de l’icône invite chaque chrétien à la métanoia (conversion), à la transfiguration, comme l’écrit saint Paul : « Et nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande, par le Seigneur, qui est Esprit.» (2 Cor 3, 18, traduction TOB).
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