Archives de l’auteur Père Ioan Toader

ParPère Ioan Toader

Les Apophtegmes des Pères du désert

Durant les premiers siècles du christianisme, dans l’Empire romain, les chrétiens subissent des vagues de persécutions, sporadiques ou générales selon les périodes. En effet, ils refusent les cultes aux dieux des cités et le culte à l’empereur, à cause de leur foi en Jésus-Christ, et vont jusqu’au martyre pour pour lui rester fidèles. Tout bascule avec la décision de l’empereur Constantin en 313 : l’édit de Milan accorde la liberté de culte à tous les habitants de son empire.


Une spiritualité d’hier ?
Un siècle avant, dans la seconde moitié du III e siècle, des chrétiens s’engagent dans une voie encore nouvelle : la vie monastique, comme une autre forme de martyre. Des hommes et des femmes, en quête d’absolu, attirés par une vie de prière, d’ascèse et de partage, partent au désert, à l’école du Christ. Ainsi, le désert de Scété, en Égypte, se peuple de ces moines ou moniales qui vivent la vie cénobitique (en petites communautés de disciples autour d’un maître) ou la vie érémitique (seuls), pour les plus avancés dans la vie spirituelle. Ce mouvement monastique, entraîné par l’exemple de Saint Antoine le Grand, connu pour son combat contre les « tentations », sa douceur et son humilité, s’épanouit aux IV e et V e siècles.


Les plus avancés dans la vie spirituelle sont « pères » et « mères », « abba » et « amma », comme saint Macaire, saint Jean Colobos, saint Poemen ou sainte Synclétique. En effet, ils engendrent à la vie spirituelle des moines et moniales débutants qui viennent leur demander conseil : ceux-ci reçoivent alors une courte parole inspirée qui les guidera et qu’ils méditeront. Parfois, le père spirituel, « un vieillard », ne répond pas ou répond par un geste, à interpréter comme une parabole. Ces petites sentences ou histoires sont les apophtegmes. Leurs auteurs n’ont pas laissé d’écrits, ce sont leurs disciples qui les ont recueillis, pour les générations suivantes. La collection des apophtegmes est structurée par thèmes, par exemple la maîtrise de soi, l’humilité, la charité…


Une spiritualité pour aujourd’hui !
La spiritualité des Pères du désert a été transmise de manière ininterrompue en Orient, dans les Églises orthodoxes, popularisée sous la forme de petits ouvrages, comme le Pateric dans le monde orthodoxe roumain. En Occident, bien que le mouvement monastique né en Égypte soit aussi la source du monachisme occidental, les Apophtegmes ont fait l’objet d’une redécouverte récente, comme en témoignent de nombreux livres comme celui d’Anselm Grün, un moine bénédictin, Le ciel commence en toi, La sagesse des Pères du désert pour aujourd’hui (Éditions Salvator, 2013). En effet, cette spiritualité correspond à un besoin des hommes et des femmes d’aujourd’hui, déroutés, voire tourmentés, dans un monde de sollicitations diverses, et qui recherchent le chemin de l’intériorité. Car les Pères du désert sont des spirituels « pragmatiques » : ils s’avèrent de fins psychologues et expérimentent des méthodes de libération intérieure pour mieux faire place à Dieu dans leur vie, à sa Paix et à sa Joie.


Plonger dans la lecture des Apophtegmes n’est pas ardu. Comme les disciples d’abba Antoine ou d’amma Sarra, nous pouvons méditer, pendant un jour, une semaine ou un mois, un apophtegme, un seul, celui qui touche juste notre âme assoiffée, pour avancer à l’école du Christ, doux et humble de cœur. Avant de passer au suivant… En voici deux : une sentence et une historiette. Abba Antoine dit : « Moi, je ne crains plus Dieu, mais je l’aime, car l’amour chasse la crainte. »


Il y eut une fois une réunion à Scété, où les pères parlèrent d’un frère qui avait péché. Mais abba Pior garda le silence. Ensuite, il se leva, sortit prendre un sac qu’il remplit de sable et le porta sur son dos ; et, mettant du sable dans une petite corbeille, il la porta par-devant. Les pères lui ayant demandé ce que cela pouvait signifier, il dit : « Ce sac qui contient beaucoup de sable, ce sont mes fautes : elles sont nombreuses, mais je les ai laissées derrière moi, puisque je ne me donne pas de mal pour les pleurer. Et la petite corbeille que voici devant moi, c’est les péchés du frère, et je m’en occupe en jugeant mon frère. Mais il ne faut pas agir ainsi, mais plutôt porter devant moi mes fautes et m’en préoccuper et supplier Dieu de me les pardonner. » En l’entendant les pères dirent : « Vraiment, c’est là la voie du salut. » (IX, 13).


À votre tour, vous pouvez vous constituer votre petite collection d’apophtegmes…

Bibliographie :
Les Apophtegmes des Pères, Éditions du Cerf, 1993. Traduction : Jean-Claude Guy. En trois volumes.

ParPère Ioan Toader

La tradition de l’iconographie sur verre

Aux 17e et 18e siècles, en Transylvanie, une région du nord de la Roumanie, une nouvelle technique d’iconographie est apparue : l’iconographie sur verre, se distinguant de la très ancienne technique d’iconographie sur bois. Ce phénomène religieux et artistique s’est considérablement développé dans certaines régions de Roumanie pendant ces deux siècles, mais la tradition perdure encore aujourd’hui, en conservant fidèlement la technique ancienne de la peinture sur verre.

Une tradition née autour d’un centre de pèlerinages

Une icône sur bois miraculeuse de la Mère de Dieu exsudant des larmes provoqua, vers 1694, de nombreux pèlerinages dans le village de Nicula où se trouvait cette icône. A cette époque, la Transylvanie faisait partie de l’Empire d’Autriche. Les pèlerins originaires de toute l’Europe souhaitaient emporter avec eux un souvenir du lieu du miracle. Les habitants du village commencèrent alors à peindre des icônes sur verre, en imitant au départ les images religieuses vendues chez eux par des colporteurs venus d’Europe centrale (Bohême, Autriche, Silésie, Galicie). Bientôt, la peinture sur verre devint un phénomène de masse. Tous les habitants du village peignaient, et tous les membres d’une famille se partageaient les différentes opérations : approvisionnement en verre, préparation des couleurs, reproduction des contours, remplissage, confection des cadres et des panneaux postérieurs.

Des peintres paysans, confesseurs de la Foi orthodoxe

L’inspiration de ces peintres paysans, dont la peinture n’était pas l’occupation de base, venait des icônes byzantines de leur Église orthodoxe bien-aimée, qu’ils défendaient contre les pressions autrichiennes pour les convertir au catholicisme. Leurs thèmes de prédilection étaient : la Vierge à l’Enfant, les Saints Protecteurs, la Sainte Cène, le Baptême du Christ, la Résurrection du Christ, la Sainte Trinité.

Une technique originale

Le support des icônes était le verre plan sur lequel on appliquait plusieurs couches successives de couleurs dans les contours d’un dessin copié à l’envers. La surface sur laquelle les couleurs étaient appliquées devenait ainsi le « dos » de l’icône et la peinture apparaissait par transparence sur le côté face. Les couleurs utilisées à l’époque étaient préparées sur la base d’oxydes métalliques et de matières naturelles. Une fois l’icône peinte, une couche de vernis s’appliquait sur sa face postérieure. Ensuite, elle était encadrée et protégée à l’arrière par un panneau en bois de sapin.

La diffusion de l’iconographie sur verre

La concurrence entre les familles d’iconographes du village incita des peintres à partir et à ouvrir des ateliers dans d’autres régions de Transylvanie. Sont ainsi apparues plusieurs « écoles ». Ce phénomène artistique dura plus de deux siècles, de la fin du 17e siècle au 19e siècle, et se répandit dans plusieurs régions de Transylvanie. L’art de l’icône sur verre connut sa décadence au début du 20e siècle, concurrencé par les premières lithographies.

L’iconographie sur verre dans la paroisse orthodoxe de Nancy

C’est cette ancienne tradition que la paroisse fait revivre, grâce à Ligia Iris Margineanu, iconographe amateur et membre de la paroisse. Elle a présenté les icônes qu’elle a réalisées lors de plusieurs expositions.

« La beauté incommensurable et la valeur artistique du folklore ainsi que des productions littéraires et lyriques du peuple roumain ont le don d’exprimer, parfois par de séduisantes simplifications, l’essentiel de la logique de la pensée populaire.

Loin d’être un simple objet de culte, les icônes sur verre de Roumanie représentent un document artistique de haute importance de la peinture sur verre du centre de l’Europe dont elles font partie intégrante tant par la position géographique de la Transylvanie, que par le moment de leur apparition et la filiation de leur technique. »

La peinture paysanne sur verre de Roumanie, Juliana Dancu et Dumitru Dancu, Édition Méridiane, Bucarest, 1975.

ParPère Ioan Toader

Nouvelle restauration de la chapelle

Nouvelle restauration et réhabilitation de la chapelle Maringer :
Une église pour la paroisse orthodoxe et un espace culturel pour le quartier

Au cours de l’année 2017, la découverte d’un champignon, la mérule, qui s’était attaqué à différentes parties de la chapelle a nécessité la destruction d’éléments intérieurs et extérieurs, ainsi qu’un traitement adéquat. La « petite chapelle » (ancienne sacristie) a été aménagée selon les codes d’un espace liturgique orthodoxe ; quant à la « grande chapelle », elle sert aussi de lieu de culte, mais son style néogothique a été respecté. La paroisse, grâce aux généreuses donations de fidèles, a commencé dès le mois de septembre 2021 les travaux de réhabilitation, de réaménagement et de restauration de la « petite chapelle » et de la « grande chapelle ». La majeure partie des travaux est réalisée par des entreprises spécialisées. Des bénévoles de la paroisse effectuent aussi une partie des travaux.

SEPTEMBRE – OCTOBRE 2021 :
Réalisation de la dalle dans la « petite chapelle ». Transport et dépôt de 120 tonnes de calcaire concassé sur le sol de la nef, damage, puis coulage de la dalle dans la « grande chapelle ».

NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2021 :
Pose du système de chauffage, puis coulage de la chape – Crépissage des murs.

JANVIER 2022 :
Restauration d’une partie des décors dans la « grande » et la « petite » chapelles –Réalisation d’un arc, réparation du plafond et mise en peinture dans la « petite chapelle ».

FÉVRIER – MARS 2022 :
Pose du granite sur le sol, montage d’une petite tribune, pose de l’iconostase et des lustres dans la « petite chapelle ». Réalisation des fondations et montage de la nouvelle tribune dans la « grande chapelle ».

AVRIL ­– OCTOBRE 2022 :
Pose du granite sur le sol de la nef et poursuite des travaux d’édification de la nouvelle tribune dans la « grande chapelle ». Dépôt de calcaire concassé sur le sol, damage et coulage de la dalle dans le chœur de la « grande chapelle ».

NOVEMBRE – DÉCEMBRE 2022 :
Mise en peinture de la nouvelle tribune et pose du granite sur le sol sous la nouvelle tribune dans la « grande chapelle ». Pose de l’autel derrière l’iconostase dans la « petite chapelle ».

JANVIER ­– MARS 2023 :
Pose du granite sur le sol du chœur de la « grande chapelle ».
Pose des bancs centraux et latéraux dans la nef de la « grande chapelle ».

16 AVRIL 2023 :
RÉOUVERTURE DE LA CHAPELLE POUR LA FÊTE DE PÂQUES

OCTOBRE 2023 :
Pose des vitraux dans la « grande chapelle » pour remplacer les verrières qui avaient été cassées pendant la période d’abandon du bâtiment.

Les vitraux ont été fabriqués par le maître-verrier Răzvan COSTEA. Il a restauré à l’identique les décors et réalisé les personnages selon les codes de l’iconographie orthodoxe.

ParPère Ioan Toader

Une première restauration de la chapelle

Une première restauration de la chapelle Maringer :
Succès et déboires…
PREMIÈRE VISITE DE LA CHAPELLE AU PRINTEMPS 2016
Durant les années d’abandon du site hospitalier, la chapelle a subi des dégradations : vitraux cassés, infiltrations d’eau, dégâts liés à l’installation de centaines de pigeons…

Les sols et les décors étaient recouverts de fiente, de cadavres de pigeons et de déchets, soit huit tonnes au total, qui ont dû être enlevées par une entreprise, avant que la paroisse puisse utiliser les lieux. Mais les murs et la voûte étaient restés noircis et dégradés.

PREMIERS TRAVAUX DE RÉHABILITATION ET RESTAURATION – été 2016 – hiver 2018
À partir de l’été 2016, la paroisse a commencé par réhabiliter l’espace constitué par l’ancienne sacristie et la salle attenante (« petite chapelle »), pour en faire un espace cultuel orthodoxe : nettoyage des murs et des décors, remplacement du parquet, mise en peinture, installation d’une iconostase. Tous ces travaux ont été réalisés par des bénévoles de la paroisse et par une entreprise.

La paroisse a pu alors célébrer les offices dans une véritable petite église orthodoxe :

En février 2018, les travaux de restauration de la « grande chapelle » néogothique ont démarré, en suivant les conseils de spécialistes du patrimoine pour retrouver les couleurs d’origine. Elle a été repeinte par une entreprise spécialisée, et a retrouvé pendant quelques semaines sa splendeur passée…

LES CONSÉQUENCES DE LA DÉCOUVERTE DE LA MÉRULE
Malheureusement, au printemps 2018, la présence d’un champignon, la mérule, est confirmé. Elle s’était attaquée à différents éléments de la chapelle (cave, parquets, murs, tribune, galerie extérieure).

Pour éradiquer la mérule, il a fallu malheureusement détruire partiellement l’intérieur du bâtiment et la galerie. La tribune a été démolie, les parquets et la terre sous-jacente ont été enlevés, les murs ont été décrépis jusqu’à sept m de hauteur…

Puis une entreprise spécialisée a effectué le traitement adéquat du bâtiment (injections d’un produit fongicide tous les 30 cm dans les murs). La mérule ne peut plus se développer.

À la fin du mois de juillet 2021, la paroisse a donc acheté la chapelle « en l’état ». Un immense travail de réhabilitation, de réaménagement et de restauration l’attendait …